Santé des bovins Déclarations, analyses, traitements... : que faire en cas d'avortement ?
Un avortement n’est pas un évènement normal en élevage. Il représente une perte financière directe et indirecte. C’est peut être un des premiers signes d’un problème sanitaire, voire même d’une zoonose. Des soins sont sans doute nécessaires et il y a des contraintes réglementaires.
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Grégoire Kuntz, vétérinaire au GDS Bretagne, répond aux questions fréquemment posées concernant les avortements en élevage bovin :
Faut-il déclarer les avortements ?
Oui, pour détecter la brucellose. La France est officiellement indemne, mais il y a eu des cas en 2012 et son retour est possible. Le principal signe de brucellose est l’avortement. Le meilleur moyen de détecter les animaux infectés est donc de tester les vaches qui avortent.
Confirmer notre statut officiellement indemne par ces dépistages, en association avec la prophylaxie, favorise les échanges internationaux et donc l’économie de l’élevage.
La brucellose est une zoonose, une maladie transmissible à l’homme. Les éleveurs, ayant une profession à risque, ont tout intérêt à s’impliquer dans la surveillance. La déclaration auprès du vétérinaire sanitaire est donc obligatoire. Sa visite et les analyses sont prises en charge par l’État. C’est l’occasion de faire examiner sa vache.
Combien coûte un avortement ?
Cher, en élevage allaitant, c’est évident. En élevage laitier, à la perte du veau s’ajoutent les baisses de performance, la réforme anticipée, les frais vétérinaires, les médicaments… Le coût moyen est estimé à 500 euros.
À quoi servent les analyses ?
On l’a vu, à la déclaration d’avortement isolée, seule la brucellose est recherchée. Et comme la France est indemne, c’est négatif. Heureusement mais restons vigilants.
Les avortements peuvent être le symptôme d’autres maladies. Généralement, peu de signes cliniques accompagnent l’avortement. Chez les allaitantes en monte naturelle ou les génisses laitières, les femelles sont souvent constatées vides longtemps après l’expulsion du fœtus. Identifier la cause est donc difficile. Lors d’avortements en série, un protocole de dépistage standardisé peut être mis en place (Oscar, voir encadré). Dans 40 % des cas, une origine infectieuse est identifiée.
Quels soins à la vache ?
L’animal doit être isolé dans un box d’infirmerie. Selon la cause de l’avortement et le stade de gestation, des complications peuvent apparaître : fièvre, infection, non délivrance… Le vétérinaire, au cours de la visite de déclaration d’avortement, pourra l’examiner et prescrire les traitements utiles. Le box, nettoyé et désinfecté, permettra de limiter les risques d’infection aux autres animaux.
Y a-t-il un caractère d’urgence ?
La salmonellose peut se manifester d’abord par des avortements, puis provoquer d’autres affections et des mortalités. Il faut donc agir vite. Inversement, les vaches porteuses de néosporose ne sont pas malades et restent productives. Il faut bloquer les nouvelles contaminations mais la gestion se fait à moyen terme, principalement par les plans de reproduction.
Quid de la vaccination ?
Une vaccination peut être mise en place pour prévenir l’impact d’une affection. Pour la BVD, l’objectif est d’immuniser les mères pour empêcher les avortements et la naissance de veaux IPI. Pour la fièvre Q, le but est de réduire les risques d’excrétion de la bactérie, en particulier par le troupeau de renouvellement. Ceci afin d’assainir le troupeau et l’environnement. Les stratégies sont différentes pour chaque maladie et doivent être établies avec les vétérinaires. Des vaccins ne sont pas disponibles pour toutes les affections, et, même s’ils le sont, ils ne sont pas la solution à tous les problèmes. Les mesures sanitaires sont indispensables.
Et les antibiotiques ?
Suite à un avortement, des antibiotiques peuvent être prescrits pour prévenir les métrites et les troubles métaboliques associés. Ils ne sont pas utilisés en préventif : risque de résistances, coût, cibles limitées, durée d’action courte, contention… Sauf dans certains cas, comme la salmonellose, ou le troupeau doit être protégé dans l’urgence. Les protocoles sont établis par le vétérinaire.
Trouve-t-on toujours une maladie ?
Non. Avec le protocole Oscar, une maladie infectieuse est identifiée dans 40 % des avortements en série. Il faut rechercher avec le vétérinaire d’autres causes possibles : choc, toxique, alimentation, génétique… L’ensemble des recherches peut aussi conduire à la découverte d’une maladie émergente, comme le virus de Schmallenberg en 2012.
Faut-il boucler l’avorton ?
En plus de la déclaration au vétérinaire, l’avortement doit être notifié à l’EDE. Soit le veau est bouclé et sont notifiées la naissance puis la sortie pour cause « mort ». Soit il n’est pas bouclé et est notifiée la naissance avec la mention « mort-né ». L’obligation de boucler les avortons et veaux mort-nés est décidée à l’échelle régionale. L’arrivée des boucles électroniques devrait restreindre cette obligation. Ensuite, le veau (et idéalement la délivrance) sont confiés à l’équarrissage.
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